L’expérience candidat, quèsaco ?

C’est l’ensemble des émotions (rappelez-vous mon précédent billet sur le thème des émotions : https://blogs.letemps.ch/nathalie-brodard/2022/12/21/les-emotions-signes-exterieurs-de-faiblesse/), ou sentiments et impressions que va susciter le processus de recrutement auprès d’un candidat.

En tant que spécialiste du recrutement, j’ai vu passer de nombreux candidats qui revenaient d’un entretien catastrophés par l’attitude de potentiels employeurs. Rater son rendez-vous n’est pas le seul apanage des candidats. Les employeurs aussi peuvent faire fuir de bons éléments par leur attitude : snobisme, manque de respect ou d’intérêt, propos ou questions déplacés.

Outre les questions indélicates d’un potentiel employeur, il y a également le «ghosting », qui revient  malheureusement trop souvent dans les feedbacks négatifs. Pour rappel, le ghosting consiste à ne plus donner de réponse, à s’évaporer dans la nature comme une fantôme (ghost). Imaginez, un candidat qui va à un entretien, puis à un deuxième et qui ensuite ne reçoit plus jamais de réponse, ni de la part des ressources humaines, ni du manager. Ça ne devrait pas arriver. La pratique est pourtant fréquente. Selon les résultats d’une étude menée en 2022 par Greenhouse Software, 75 % des candidats ont déjà été “ghostés” après un entretien.  https://www.courrierinternational.com/article/recrutement-le-ghosting-dans-le-milieu-professionnel

Ce n’est pas si difficile de dire à une personne qui a pris le temps de venir dans vos bureaux pour vous rencontrer, qu’il n’a pas été choisi pour le poste, plutôt que de le « ghoster », non ? En tant qu’adultes, nous pouvons accepter que nous n’ayons pas été choisi.  La non-réponse est très difficile à accepter et surtout à comprendre pour le candidat, quel que soit son niveau de séniorité.

On parle aujourd’hui d’«expérience candidat » : qui se traduit par les perceptions de ce dernier en fonction de la façon dont il a été traité lors du processus de recrutement. Traité correctement, même s’il n’obtient pas le poste, le candidat va conserver une image positive de la société. Laisser une bonne impression devrait occuper l’esprit de toute personne qui recrute, car même si la finalité du recrutement est ailleurs, donner une image professionnelle aura des répercussions sur votre marque employeur. Comme dit Jeff Bezos «votre marque est ce que les gens disent de vous lorsque vous n’êtes pas dans la pièce ».

Alors « La marque employeur » un effet marketing ? 

 Les stratégies dites de « marque employeur » se sont largement généralisées ces dernières années. Elles permettent de se différencier sur le marché de l’emploi et de se montrer sous son meilleur jour sur divers canaux. Mais ce marketing RH ne suffit pas à attirer les talents. Aujourd’hui, les candidats vérifient la réputation des entreprises via les sites internet spécialisés, les médias, mais ils vont avant tout se renseigner auprès de leur réseau : amis, anciens collègues, mais aussi chasseurs de têtes ou consultants connaissant l’entreprise.

 

 

« Walk the talk !«

Effectivement, on voit de très beaux slogans. On vend de l’Authentique, du Respect, de l’Humain, très souvent un esprit d’entrepreneur, du bonheur au travail. Tant mieux, mais qu’en est-il réellement ? Parfois, les plans marketing autour de la « marque employeur» se transforment en messages creux. La réalité est souvent très différente. Pourquoi ? Parce qu’une « marque employeur », ce n’est pas juste le miroir idéalisé d’une institution. Comme dans beaucoup de situations, ce sont les actes qui font la différence.

Le recrutement est « un art ». Lorsqu’une entreprise sabote un processus de recrutement, c’est la réputation qui en pâtit. D’autant que c’est bien connu : il est très difficile de « rattraper » une première mauvaise impression.

Finalement, c’est assez simple : un (futur) employeur doit faire ce qu’il dit ou vend et pas autre chose. Et cela se vérifie dans tous les départements : de la réception, aux ressources humaines, aux dirigeants de la société…. Les actes seront beaucoup plus efficaces que les paroles le fameux « walk the talk » (en d’autres termes : passer des paroles aux actes)!

Je vous souhaite en ce début d’année, santé (le plus important), succès et de magnifiques rencontres, quelles soient lors de vos prochains recrutements ou simplement dans votre vie de tous les jours.

Nathalie

https://blogs.letemps.ch/nathalie-brodard/2023/01/13/lexperience-candidat-une-danse-a-deux/